JOSEF HOFFMANN (1870-1956 )Work made... - Lot 23 - Ader

Lot 23
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Estimation :
80000 - 120000 EUR
Result with fees
Result : 121 600EUR
JOSEF HOFFMANN (1870-1956 )Work made... - Lot 23 - Ader
JOSEF HOFFMANN (1870-1956 )Work made in 1911-12, most probably a unique piece and presented at the Frühjahrsausstellung Österreichisches Kunstgewerbe (Spring Exhibition of Austrian Decorative Arts), Vienna, 1912 Exceptional blackened wooden furniture opening by two doors in the front. The four legs, forming uprights, are decorated with carved decoration on all sides and in bas-relief of stylized vine motifs. The two doors are partly decorated with the same motifs as the legs in bas-relief; each door is decorated with a half-beaded frame. The chamfered edge of the shelf is decorated with mother-of-pearl marquetry in several colours, highly stylised flowers and rows of sticks. The sides each receive a decorative motif carved with a pearled oval. The keyhole is made of silver plated metal and framed by a carved pearled oval. The interior, also blackened, has a central shelf. Work executed by cabinetmaker Jakob Soulek. Missing are the two uprights placed on the back of the shelf and receiving a curtain (also missing), missing mother-of-pearl marquetry frieze, accidents, missing and scattered cracks, alterations and scattered wear and tear to the blackened parts. Height: 91 cm - Length: 116 cm - Depth: 66 cmBibliography and related works: - Deutsche Kunst und Dekoration - Volume 1912-13, Alexander Koch editions, Darmstadt . The six-door version of our furniture reproduced on pages 182 and 183. - Innen Dekoration - No. of December 1912, ed. Alexander Koch, Darmstadt. The six-door version of our furniture is shown on page 463. - The International Studio - illustrated magazine of fine and applied art - No. 237, December 1912, Offices of The International Studio & John Lane Company, New York. The six-door version of our furniture reproduced on page 217  Josef HOFFMANN – Vienne - Le tournant des années 1910  Dans cette fin du XIXe siècle, alors que l’Empire austro-hongrois était dans un processus de désintégration (entamé plusieurs siècles auparavant) qui aboutira à sa dislocation une vingtaine d’années plus tard, Vienne allait connaître son apogée intellectuelle, scientifique et artistique ; les deux faits étant intimement liés. Cette période de décadence du vieil empire des Habsbourg nourrira la singularité d’un mouvement nouveau tant dans les sciences que dans les arts ; de Sigmund Freud à Franz Kafka en passant par Arthur Schnitlzer, Otto Weininger, Gustav Klimt, Egon Schiele, Koloman Moser, Oscar Kokoschka, Josef Maria Olbrich ou Josef Hoffmann. L’observation par ces intellectuels et ces artistes d’un régime qui s’écroulait sous leurs yeux guida leur choix essentiel sur l’étude du monde intérieur, tournant le dos aux réalités du monde extérieur ; cette exploration des aspects intérieurs de l’homme (et de ses tourments) devait alimenter tous leurs travaux et concentrer toutes les énergies intellectuelles et artistiques.  Deux événements symbolisent à eux seuls les préoccupations de la culture viennoise qui se penchent, presqu’exclusivement, sur la recherche de la compréhension des mécanismes psychologiques qui guident chacun de nos actes ; ce sera le terreau des créations des artistes viennois.  D’une part, le drame de Mayerling en 1889. Rodolphe, fils de l’empereur François-Joseph 1er d’Autriche et de l’impératrice Élisabeth, se donne la mort après un acte sexuel avec sa maîtresse Marie Vetsera suivi de son meurtre, l’amante consentant à cette organisation funeste. Quelques années plus tard, les travaux de Sigmund Freud nous éclairerons sur les liens étroits entre les pulsions destructrices (ici mortelles) et les pulsions sexuelles.  D’autre part, l’édification de l’église Saint-Léopold am Steinhof, bâtiment conçu par le très célèbre architecte Otto Wagner et pour lequel Koloman Moser dessina des cartons de vitraux et de mosaïque. Bien que lieu de culte, ce chef-d’oeuvre de l’architecture sécessionniste se trouvait dans un complexe, bien plus large, destiné aux soins psychiatriques. Il n’existe aucun autre endroit au monde où les plus fameux artistes de leur temps furent appelés pour créer un joyau architectural au seul usage des malades mentaux ; c’est dire à quel point les intelligences viennoises avaient comme objectif principal la découverte et la compréhension de la vie intérieure de la personne humaine. Un événement, structurel celui-ci, fut la création, en 1897, d’une association artistique, la Sécession viennoise, fondée par Josef Hoffmann, Gustav Klimt et Josef Maria Olbrich. Les membres de ce groupement visaient à traduire dans les beaux-arts et dans les arts appliqués ces questionnements sur l’humain que toute l’intelligentsia viennoise abordait. Il s’agissait d’immenses artistes qui, tout en nous en livrant des oeuvres éblouissantes, nous emmenaient sur les sentiers de l’étude de la psyché. Josef Hoffmann, s’imprégna parallèlement, quant à lui, très tôt des écrits de John Ruskin et William Morris et adhéra aux idéaux du mouvement Arts and Crafts. Son inspiration formelle venait d’architectes designers comme Charles Voysey, Mackay Hugh Baillie Scott, Charles Harrison Townsend ou encore Charles Rennie Mackintosh. La Palais Stoclet, oeuvre d’art totale conçue par Josef Hoffmann avec la contribution de Gustav Klimt et de Fernand Khnopff, construite entre 1907 et 1911 sur des plans antérieurs, présente de troublantes similitudes avec les dessins pour « La Maison d’un amateur d’art » de Mackintosh réalisés en 1900 à l’occasion d’un concours organisé par l’éditeur allemand Alexander Koch.’CR} Parmi les caractéristiques principales des oeuvres de Josef Hoffmann, il y en a une qui se dévoile immédiatement aux yeux du spectateur, c’est l’élégance. Arsène Alexandre, parcourant les salles aménagées par Josef Hoffmann au Grand Palais durant l’Exposition Universelle de 1900 à Paris ne s’y était pas trompé et déclarait : [La Sécession a cherché a donné une leçon d’élégance au monde entier (…) et elle y est parfaitement parvenue]. Une autre facette, directement héritée des leçons d’Outre-Manche, est la géométrie des lignes, aucune oeuvre de Josef Hoffmann de cette période n’y échappe. L’architecte viennois avait également compris les travers des architectes britanniques ou plutôt de la qualité de leurs oeuvres. Ce mobilier conçu par ces designers, présentait, la plupart du temps, une grande pauvreté d’exécution et des choix de matériaux bien peu nobles. Cette dichotomie - richesse conceptuelle/faiblesse de fabrication - ne lui semblait pas correspondre aux idéaux Arts and Crafts dont il s’était nourri. Aussi, en 1903, il cofonda la Wiener Werkstätte dont l’objectif était de concevoir des oeuvres modernes traduisant les conceptions de leurs auteurs et exécutées de la meilleure des manières. Sur ce point, le but a été parfaitement atteint, nous savons tous à quel point les pièces issues de l’Atelier Viennois réunissent toutes les qualités, tant dans leur conception que dans leur réalisation. Le début des années 1910 fut marqué par un changement dans les arts décoratifs en Autriche, une fois de plus Josef Hoffman en fut l’initiateur. Sa rencontre avec Dagobert Peche, lors d’une soirée d’anniversaire chez Otto Wagner (qui avait été le professeur de Josef Hoffmann), fut déterminante. Hoffmann subit probablement très vite la fascination pour cet artiste, n’hésitant pas à dire que Peche est le plus grand ornemaniste depuis l’ère baroque ou bien qu’il n’existe qu’un génie de l’ornement tous les trois siècles et que Dagobert Peche est celui-là. On comprend rapidement l’influence que joua le fulgurant Peche (mort à seulement 36 ans en 1923) auprès du maître autrichien qui le pris sous son aile.  Le mobilier présenté à la Frühjahrsausstellung Österreichisches Kunstgewerbe (Exposition de printemps des Arts Décoratifs Autrichiens) à Vienne en 1912 est très représentatif de ce tournant et cette proposition fait figure d’ensemble historique tant ce mobilier sera un nouveau point de départ dans l’écriture stylistique des créateurs de meubles en Autriche et en Allemagne pour les deux décennies qui se succèdent, les années 1910 et 1920, mais aussi sera une source d’inspiration fondatrice pour le mouvement Art déco en France. En effet, Josef Hoffmann, conçut pour cette exposition des meubles aux proportions inhabituelles bien qu’amorcées dans le mobilier de salle à manger du Palais Stoclet achevé l’année précédente. Notre meuble ouvrant par deux portes en façade semble être l’héritier direct, dans sa forme générale, d’un meuble Haute époque ; le format est généreux, les volumes sont puissants, les lignes très marquées, les jambages fort présents et l’aspect minimaliste. Du côté de l’ornement, Josef Hoffmann a recours à un manière inusitée dans son oeuvre jusque-là, soit une décoration sculptée et riche en façade. Le décor est issu du motif baroque totalement revisité et anobli ; sa richesse, sa précision, sa nervosité et sa sophistication donneront le tempo pour beaucoup d’oeuvres à venir dont celles de Dagobert Peche. Malgré tout, l’artiste viennois, par le truchement des ovales perlés sculptés sur les parties latérales et grâce aux frises réalisées en marqueterie de nacre nous renvoie à des créations antérieures et nous prouve à quel point ce meuble est une pièce charnière. Aucun des meubles montrés lors de cette manifestation n’avait jusqu’à aujourd’hui refait surface ; seule une déclinaison édulcorée et appauvrie de ce mobilier, dont il n’est pas certain que Josef Hoffmann ait décidé en personne de son édition, est apparue sur le marché il y a quelques années. Josef Hoffmann a été, est et restera une figure tutélaire de l’architecture et du design du XXe siècle, Le Corbusier, lui rendant un hommage après sa disparition en 1956, déclarera [qu’il était l’un des éclairs de la route architecturale.] Emmanuel O. Eyraud .
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